ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Quelques notes sur l’herméneutique





La structure anadygmatique du discours


Sommaire

Introduction

Situation actuelle de l’herméneutique biblique

Herméneutique et critique du langage

Structure anadygmatique du discours
- Introduction
- Synthèse conceptuelle
- Synthèse symbolique
- Synthèse historique
- Dialectique du pensant
- Symbole et être



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La dialectique du pensant


   Quelques réflexions au sujet du rapport des trois synthèses (voir 1, 2 et 3) dans l’unité du pensant qu’est l’homme… C’est à partir de ces problèmes que ma référence à la pensée de J.-B. Vico devient prédominante.

   De Vico, il suffit de dire ici que sa démarche philosophique nait en opposition au « cogito » de Descartes (voir la thèse détaillée). Pour Vico l’homme existe avant qu’il pense, si par « penser » on entend le discours réfléchi, critique, conceptuel. Sa première intentionnalité (operazione) est imaginative : elle est poésie et non philosophie, mythe et non raisonnement. C’est le mythe qui est l’objet principal des recherches de Vico, et il l’analyse aussi bien au niveau du langage que de l’histoire et de l’existence. Sa philosophie est philosophie du langage, mais aussi esthétique, elle est philosophie de l’histoire, mais aussi de l’existence.
   Je n’insisterai pas ici sur la pensée de Vico, mais je me bornerai à souligner quelques axes de réflexion.

   Le mythe exprime le premier récit de l’homme au niveau social aussi bien qu’individuel. Nous y découvrons la première articulation des trois synthèses de l’esprit, articulation qui constitue la structure fondamentale de la personne humaine.
   On constate dans le mythe que la première de ces synthèses, la conceptuelle, n’aboutit pas à son accomplissement car, tout en parvenant à la formation de paradigmes logiques, elle n’arrive pas à cerner l’être du monde auquel ces paradigmes devraient se référer. Ceux-ci resteraient en suspens si le symbole, objet de la deuxième synthèse, ne venait pas à se substituer au monde. Le mythe trahit donc l’identification des deux objets, monde et symbole. Ainsi le signifié du symbole, le sujet, devient monde, et le monde sujet : le monde devient dieu.
   Cette objectivation du symbole dans la nature n’enlève pas pour autant le pouvoir significatif des images. Cette signification se charge seulement d’une dimension ontologique qui lui serait étrangère, devenant pour l’homme vouloir et nécessité. L’homme vit dès son commencement sous la couverture de sa propre projection en tant qu’autre que lui, couverture large comme le ciel.

   C’est par l’acte du faire que le monde se découvre à l’homme comme matière, au fur et à mesure qu’il le modifie, le façonne, le maîtrise. Mais en dé­couvrant le monde, l’homme prend aussi conscience positive de lui-même en tant que sujet opposé au monde : en faisant, l’homme se fait. Au moment où le monde surgit, pour ainsi dire, de ses mains comme monde, il naît comme homme.
   Le faire est donc à la base de l’histoire et de la science comme connaissance du monde.

   C’est alors que le mythe se brise, car la découverte du monde et du sujet sépare le symbole de la nature. Le devenir de l’homme implique un processus de démythologisation. L’homme reprend ce qui était à lui, pour laisser le monde dépourvu d’âme et de passion. Le mythe de Prométhée semble raconter ce processus de démythologisation, de désacralisation (voir l’étude détaillée).
   Mais on doit se demander où va le symbole. En suivant Feuerbach on devrait dire qu’il n’y a de place que pour la science et l’histoire : la démythologisation emporte la destruction du symbole.
   Selon mes perspectives, le mythe disparaît mais le symbole reste, car notre point de départ était une trilogie d’être, vie et existence. Dépasser le mythe, c’est reconduire chaque synthèse à sa propre dimension, à la visée de son objet. Au moment où la science naît et où l’homme prend possession de lui-même, le symbole aussi se détache du chaos, pour devenir transparent dans sa propre signification. Démythologiser, c’est avant tout séparer le symbole de sa matérialisation cosmique et ontologique. Tout en se délivrant du mythe, l’homme reste toujours sous la projection de lumière propre au symbole : celui-ci n’est qu’un langage, celui que tout homme parle avant de parler la langue de son peuple.



1969




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